Emmanuel Macron est-il capable de renverser la tendance en vue des Européennes ?

Emmanuel Macron est-il capable de renverser la tendance en vue des Européennes ? Le président doit tenir ce jeudi un discours sur l'Europe depuis la Sorbonne. Mais cette entrée en campagne sera-t-elle vraiment un atout pour son camp ? Les doutes sont permis.

À quarante-six jours des élections européennes 2024, rien n'est encore joué. Mais dans les sondages, l'écart entre la liste du Rassemblement national, menée par Jordan Bardella, et celle de Renaissance, avec Valérie Hayer comme cheffe de file, est criant. Dans la dernière mise à jour du sondage Ifop-Fiducial réalisé pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, le camp macroniste, s'il grignotte pour la première fois depuis bien longtemps un peu du terrain, passant à 17,5% des intentions de vote, reste loin derrière le RN et ses 31%.

Alors, le grand discours d'Emmanuel Macron sur l'Europe programmé ce jeudi 25 avril à la Sorbonne changera-t-il la donne ? Si l'Élysée assure qu'il ne s'agit-là que d'"un discours de chef d'État", comme le relaie Le Parisien, nombreux sont ceux qui y voient une entrée en campagne du président de la République. Au quotidien de la capitale, un des confidents du locataire de l'Élysée affirme qu'Emmanuel Macron serait "persuadé qu'il va changer la donne". 

"Réitérer le coup de 2019"

Un carde du camp Macron l'assure aussi, le président de la République souhaite "réitérer le coup de 2019, quand il avait relancé la campagne de Nathalie Loiseau". Mais en a-t-il toujours la capacité ? "Je ne crois pas", confie cette même source, tandis qu'un partisan évoque "l'usure du pouvoir". Reconnaissant auprès de 20 Minutes qu'en 2019, Emmanuel Macron avait "permis de sauver les meubles", avec 22,42% des voix contre 23,34% pour le RN, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, une députée Renaissance constate aujourd'hui qu'"il n'y a plus cette hype qui suivait 2017" et parle même d'"un rejet très fort du président dans l'électorat". 

En témoigne d'ailleurs ce sondage Ifop-Fiducial publié par Sud Radio lundi 15 avril. Selon lui, 74% des Français se disent mécontents de l'action du président de la République, soit trois quarts des Français. Toujours auprès de 20 Minutes, une députée confie se faire "aucune illusion", tandis que le député du Mouvement démocrate, Erwan Balanant, pointe "une élection qui arrive à mi-mandat" et lors de laquelle "certains pourraient être tentés de sanctionner le président".

Un discours à la Sorbonne dénoncé par les oppositions, mais parfois aussi attendu

Du côté des oppositions, La France insoumise déplore un deux poids, deux mesures concernant la conférence interdite de Jean-Luc Mélenchon, mais accuse également la Macronie d'utiliser "les moyens de l'État pour faire campagne", comme l'a notamment affirmé sur X le député LFI Bastien Lachaud. Le camp du troisième homme de cette élection, Raphaël Glucksmann, voit lui dans cette prise de parole un mouvement de "panique", selon un proche de la tête de liste dont Le Figaro se fait l'écho. Et celui-ci de pointer : "Les macronistes pensaient qu'ils pourraient faire campagne en se présentant comme les seuls pro-européens. Nous avons réussi à mettre un coup de pied dans la porte."

Enfin, au Rassemblement national, l'arrivée d'Emmanuel Macron sur le devant de la scène réjouirait presque tant l'objectif est de faire de ce scrutin un "référendum anti-Macron". Une chose est certaine, en cas de défaite, et davantage encore si elle est marquée, le président sortira affaibli de cette bataille. Et les résultats ne seront pas sans conséquence pour la suite du quinquennat...

Eléctions européennes